L’intelligence artificielle en santé : tous concernés ?

 

Partie 2 :

Quelles sont les applications concrètes de l’IA en santé ?

Partie 3 :

Réponses aux questions les plus fréquentes

 

Interview du 11 octobre 2021 - Partie 1 :

Bonjour je suis le Professeur Jean-Emmanuel Bibault, oncologue-radiothérapeute à l’hôpital européen Georges Pompidou. J’enseigne la cancérologie à l’université de Paris et suis affilié à un laboratoire INSERM pour mes activités de recherches dans le domaine de l’IA en santé. J’ai passé une thèse de science en 2018 sur le domaine du « machine learning » appliqué à la cancérologie, à la suite de laquelle je suis parti pour mes recherches à l’université de Stanford en Californie en 2019. Revenu en 2020 et j’ai été nommé, en 2021, professeur à l’université de Paris sur ces thématiques de recherche.

Qu’est-ce que l’Intelligence Artificielle (IA) ?

En réalité ce que l’on appelle l’intelligence artificielle sont des méthodes informatiques qui remontent déjà à la fin de la seconde guerre mondiale, notamment avec les tous premiers développements par Alan Turing. Ce domaine, qui appartient aux « computers sciences », a connu des périodes très fastes avec beaucoup de financements et d’intérêt mais aussi des périodes beaucoup plus lentes, appelées « les hivers de l’IA », notamment à la fin des années 70 et dans les années 80.
Un certain intérêt aux yeux de la communauté scientifique et du Grand Public a repris depuis la fin des années 90 et les années 2000 notamment grâce à ce que l’on appelle maintenant le « deep learning », ensemble de méthodes d’intelligence artificielle appelées « connexionnistes » où l’on va entraîner des réseaux neuronaux profonds à réaliser un ensemble de tâches, des tâches qui bien souvent reposent avant tout sur la perception et nous allons avoir l’occasion d’en reparler lors de cette interview.

Quels professionnels de santé sont concernés par l’IA ?

Et bien tous les professionnels de santé sont concernés et doivent s’y intéresser, car l’IA va, à mon sens, bouleverser la façon dont on pratique la médecine que l’on soit professionnel en cabinet, en clinique ou à l’hôpital et quelle que soit la spécialité que l’on exerce.

Il y aura un moment donné de la prise en charge, un moment donné de notre travail où l’IA va intervenir. Je pense qu’il sera très important d’avoir la capacité et les outils pour comprendre un minimum son fonctionnement, pour être capable de voir s’il y a des résultats, par exemple, aberrants, erronés donnés par certaines méthodologies d’IA.

Au même titre que les médecins ont été formés à l’analyse critique d’articles et à la méthodologie statistique pour comprendre les articles sur lesquels repose l’Evidence Based Medicine, il va falloir se former à comprendre les outils de l’IA pour les mêmes raisons.

Déclaration d’intérêts :
JB déclare ne pas avoir de conflit d’intérêt en lien avec le texte publié.